C’est la guerre – #protectbearsears

Les plus clichés diront qu’on vote en achetant. C’est peut-être vrai, ou ce le sera peut-être un peu plus bientôt. Ou maintenant?

Loin de nous l’idée de porter allégeance à une entreprise et de se lier les mains pour raisons publicitaires, après tout, nous ne sommes commandités par personne, ni subventionnés. Il faut-tu être motivé han, travailler pour gratiss de nos jours. Mais revenons au corps du sujet, l’environnement et les espaces protégés; et le cœur, évidemment les États-Unis. Think big comme dirait l’autre, même si maintenant on pourrait croire que nos voisins penchent vers le Think small.

Si vous avez travaillé de près ou de loin dans l’industrie du plein air, ou que vous êtes du type geek qui zieute tous les blogues et forums des nouvelles nouveautés, vous avez sûrement entendu parler du OR, le Outdoor Retailer show, à Salt Lake City au Utah. Cet évènement semi-annuel (janvier et août) rassemble les principales entreprises du plein air et les principaux acheteurs des boutiques de l’Amérique du Nord. En gros, ça jase de nouvelles lignes, ça essaie des nouveaux produits et ça boit de la bière.

Jusqu’ici, tout est correct dans notre tête de consommateur de manteau Gore-Tex à 600$ (voir un de nos récits à venir) et de nourriture déshydratée dans un Ziploc d’aluminium à 15$. Mais à un moment donné, il faut se demander où on s’en va dans notre manteau technique, et où on va s’arrêter pour déguster notre fabuleux spaghetti à la putain aux épinards biologiques. En d’autres termes, l’industrie du plein air dépend largement des espaces protégés, des espaces non-achalandés, des espaces où on peut reconnecter avec la nature: notre wifi naturel comme disait la photo quétaine que ton ami a partagée sur Facebook.

Rentre dans cette définition le Bears Ears, déclaré monument national par Obama. 5 000 kilomètres carrés, des kilomètres sacrés selon cinq nations amérindiennes, seront alors protégés. Mais les Amérindiens, ils nous ennuient avec leurs demandes et leurs manifestations… Surtout quand on sait qu’en 1865, ils ont été 9000 à être chassés de ce territoire, à parcourir 500 kilomètres sans eau ni nourriture. Mais ça n’intéresse personne. Mais pauvre Obama, il aura été bien placé pour comprendre que lorsqu’on met l’épaule à la roue, il y aura toujours un bully pour mettre un bâton dans la roue en question.

Trump est le big picture de la chose, mais il y a d’autres ficelles et marionnettes un peu partout sur la scène politique. Notre Gary Herbert, gouverneur de l’Utah, en fait partie. Le bon gars qu’il est essaie de vendre en douce des terres fédérales publiques à des compagnies minières et pétrolières. On pourrait se sentir les émotions dans le dedans, se dire que c’est pas possible, que c’est humainement et naturellement ignoble de déprotéger un territoire. Le dédain s’amplifie quand on apprend que financièrement, le plein air apporte 12 milliards de revenus en Utah et crée 122 000 emplois dans l’État de 3 millions d’habitants, soit un peu plus que les 8500 postes créés par les énergies fossiles.

Alors les entreprises qui créent des manteaux à 600$ commencent à se fâcher un peu. Ici, pour une seconde fois, on pourrait dire Chapeau! à Patagonia. Rappelons-nous que non seulement la compagnie a décidé de ridiculiser le Black Friday l’automne passé en refusant toute vente à rabais de son matériel, mais elle a en plus décidé de donner 100% de ses ventes de la journée à des organismes environnementaux et sociaux. Ce n’est pas tout, Patagonia frappe encore en faisant faux bond à l’Utah et aux prochains OR, tant et aussi longtemps que le gouverneur ne changera pas son approche et sa vision vis-à-vis le monument national.

Le pari est gros car l’Outdoor Retailer permet d’agrandir leur réseautage et d’assurer des ventes. Si Patagonia lance le bal et d’autres compagnies s’y joignent, le levier s’agrandira sur le gouverneur et ses ambitions pétrolières. Sinon, des villes et des États (et peut-être des provinces?) encourageant les aires protégées et le plein air, il y en a un tas, surtout quand on sait que le salon a une retombée moyenne de 80 millions de dollars par an à Salt Lake City.

Coup de théâtre hier, mardi 7 février, Black Diamond se joint à la partie, ou plutôt l’inverse, abandonne l’évènement. Alors qui sera le prochain? Voir des entreprises qui respectent leurs engagements, c’est toujours inspirant.

La guerre la guerre, c’est pas une raison pour se faire mal, mais il faut arrêter de faire du mal à ce qui nous fait du bien!

Si vous voulez vous laisser aller le bilinguisme et la culture, c’est par ici:
The Outdoor Industry Loves Utah – Does Utah Love the Outdoor Industry?
Celebrate Bears Ears: Welcome to our New National Monument
Patagonia Takes Action, Withdraws from Outdoor Retailer
Patagonia, Black Diamond Take on Utah Officials Over Public Land Rights
Obama’s Environmental Legacy, in Two Buttes