Louis Garnotte Urban Sweep

Quel scandale! Refus de se faire remorquer ou non-respect du contrat : peu importe la raison, des gens sont restés coincés sur l’autoroute en pleine tempête. Mais où étaient leurs skis de fond? Non mais… Par quel autre moyen auraient-ils pu s’en sortir? Parfois, les loisirs deviennent nécessité.

C’est autour d’un café, sur le boulevard De Maisonneuve, que je parlais avec l’entrepreneur. Nous ne sommes jamais mieux servi que par nous-même, disait-il, en se versant de ses propres mains un café filtre bien noir. Louis Garneau a beau être un ancien olympien, en plus d’être le propriétaire de l’une des plus grandes compagnies de vélos et d’accessoires au monde, il reste humble, décontracté et souriant.

Assis au comptoir, on regarde la neige fondre et on discute du transport alternatif, plus précisément du transport actif. Il saupoudre son sucre brun dans sa tasse, et quelques cristaux se retrouvent sur la table. Il humecte son doigt et récolte, un à un, les petits grains égarés. Songeur, il regarde le boulevard achalandé en ce mardi avant-midi ensoleillé. Puis il porte son doigt imprégné de sucre à sa bouche.

« Vous savez, pendant toute ma carrière, on m’a cassé du sucre sur le dos. Les choix que l’on doit faire en tant que chef d’entreprise sont parfois difficiles… On a beau vouloir encourager l’économie locale, mais il faut garder nos produits abordables… On m’a souvent critiqué pour la production en Asie, mais on a été les précurseurs de cette migration industrielle… Notre but premier, c’est d’offrir quelque chose pour tous, pas juste pour les athlètes, pas juste pour les fortunés. »

Je comprends l’homme, coincé entre l’arbre et l’écorce. C’est ardu de plaire à tous. Je pousse la réflexion en lui demandant de quelle manière son entreprise survit face à tant de compétition féroce. Compétition qui a aussi opté pour l’Asie comme lieu de fabrication et d’assemblage. Le café est acide, je verse un peu de sucre aussi et orchestre le même dégât. Le sucrier a décidément un couvercle défectueux. Il rigole, puis sort son ordinateur de son sac à bandoulière. Je profite de cette distraction pour balayer le sucre du revers de la main.

« Premièrement, on évite les fla-fla, pas trop de design inutile, pas trop de marketing. Nous avons l’avantage d’avoir établi notre nom depuis belle lurette. Par exemple, nos gants, ils sont simples, pas trop fancy, mais ils sont confortables et bien ajustés. Que veux-tu de plus d’une paire de gants? Deuxièmement, l’innovation et l’imagination. Je vais vous montrer quelque chose sur lequel on a travaillé. Vous voyez qu’est-ce qu’on a fait avec le sucre? On l’a éliminé de la table, chacun à notre façon. Les gens sur l’A-13, ils ont été pris au dépourvu… attendant les autres, de l’aide? Regardez ces cyclistes sur Maisonneuve, regardez la piste cyclable. Quand est-ce que Coderre va nettoyer ça? Pas demain la veille! Il pense plus au baseball le gars… L’innovation que je disais. »

En ouvrant son ordinateur, il me montre leur nouveau concept : le Louis Garnotte Urban Sweep. Je ris, j’ai peine à croire que le nom a passé au conseil. Il rit aussi, me disant que, parfois, on doit mettre son orgueil de côté, que les calembours sont pas mal in ces temps-ci. Le concept est assez simple : un balai amovible grâce à un bras articulé Ergoflex s’installant sur l’œillet supérieur de la fourche. Grâce à un corps principal en aluminium, le système est sous les trois livres et peut être installé et enlevé en quelques manipulations. Les poils du balai sont robustes et lisses, pour un rapport optimal entre balayage et friction.

Entre deux gorgées de café sucré, j’examine les dessins de conception, les photos de prototypes; c’est fascinant. Lorsque je lui demande à qui s’adresse cet accessoire et à quel point il est efficace, il s’emporte. Non, Louis Garneau n’aura pas l’audace de dire que le balai fera le même travail que les nettoyeuses de la voirie, mais si plusieurs gens utilisent le gadget, le résultat sera surprenant. Le concept a davantage été développé pour le transport actif, mais plusieurs athlètes se sont déjà procuré un Urban Sweep afin de s’entraîner sur les routes québécoises.

« Bien ajusté, la friction est minime, mais on a quelques gars dans les Cantons qui roulent en peloton et qui règlent l’Ergoflex de manière à augmenter la surface de contact et la tension au sol. Ils nous disent que, le lendemain, quand ils repassent sur les mêmes segments, la route est aussi propre qu’en plein été! »

Définitivement pas fait pour tous, l’Urban Sweep est une idée originale disponible dès maintenant, en commande spéciale, dans toutes les boutiques spécialisées de vélo, et même sur le plancher (notre propre calembour ici) dans plusieurs des boutiques concept Louis Garneau. Le coût? 109.99$. Bon printemps, et si vous n’êtes pas patient, voici la solution!