La pause

Spouichhh. Et mes principes se sont envolés. D’abord un à la fois, dans un lent transfert d’énergie entre ma main et la bouteille. Sensuelle, fraîche, parfaitement mouillée par la rosée de la machine distributrice. Puis par grappes de dizaine de bulles carboniques remontant mon œsophage momifié. Une acupuncture systématique irradiant mes membres acide-lactifiés. Aaahhhhh!!!! Douce écume de broue baignant le fond de ma gorge.

Plantagenet cimetière, Plantagenet sauf-conduit, Plantagenet c’est où ça criss?

Mais les bulles, Ohh les bulles. Elles soulèvent, dissolvent de mon cortex les sédiments de « j’t’écoeuré en esti » déposés méticuleusement, scientifiquement, au fil des kilomètres. Beaucoup trop de kilomètres. Et couché dans l’ombre improbable d’une halte routière, je sens monter en moi une inexorable contraction du bidon. Lubrique. Un gloussement qui remonte et cherche à éclater à travers le sourire de ma moustache de lait brune. MOUHAHAHAHA! Fuck c’est bon! Burp…

Plantagenet, Plantagenet, Plantagenet.

Je ne résiste plus. Un écouteur, puis l’autre. Je me décompose et pèse sur play. Transgression orgasmique, gros finger au puriste en moi. Le deuxième en 15 minutes. La distorsion coule dans mes oreilles et s’empare de mes ventricules cardiaques. Les apparences sont trompeuses et la promeneuse de chien ne peut pas savoir. Pourtant, Radiohead me pioche la caboche et j’exulte de mon adolescence retrouvée. J’enfourche mon vélo… Non, ce n’est pas un vélo. C’est une locomotive japonaise. C’est une équipe de rugby. C’est un Pégase en acier tabarnak! Je file, je file, je file assez vite pour en pleurer de bonheur, la langue sortie, les yeux révulsés dans la chaleur devenue charnelle d’un coït d’après-midi.

Plantagenet, là où j’ai pris une pause.

Lapause2

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