Le solstice.

Dring Dring. Bam Bam.
Qu’what the fuck?
4h30 AM, un matin de congé.

Tu te réveilles, dans la chambre d’à côté.
Tu niaisais pas, le plan est bien réel.
Par la fenêtre, on voit les quelques lueurs.

21 juin, le solstice.
La plus longue journée de l’année.
Pis criss qu’a va être longue.

Souliers sales, gants qui puent, casque encore mouillé.
Pas encore 5h00 pis on sent le chien mouillé.
Même le chien veut pas, il a encore les yeux collés.

Première ride, gruau dans l’œsophage.
J’pense pas qu’il va descendre, mais plutôt remonter.
Les réflexes sont endormis, tant pis.

13,3 km, 554 mètres de vertical.
Le gruau est dans l’fond d’l’estomac.
Bacon, pain doré, enweye en d’dans.

Route, traversier, égarés, stationnés.
Aller-retour, monte-descend, loam.
Têtes dans l’eau, odeur de soufre.

20,4 km, 918 mètres de vertical.
On souffle, les jambes décrampent un peu.
Retour à l’auto, lunch, carte, questions.

Où, combien, vraiment, tu me niaises-tu?
On réattaque la route, et l’odeur nous réattaque.
Cuissard, chandail, pas juste le casque de mouillé.

Ici? Non, ici?
Non, c’était là.
Pis après? Là.

Tout ça? Oui.
Dans la poussière, la roche lousse? Oui.
Criss, tu me niaises-tu là? Non.

On descend quand? Non.
Pas non, mais quand? Là?
J’sais pas? Là ou là.

Tu sais pas? Fait longtemps.
J’suis fatigué. Moi aussi.
T’es perdu? Moi aussi.

Monte-descend. Cherche-trouve. Descend là.
21 juin, les premiers de l’année.
Loam asséché, branches brisées, arbres tombés.

21h20, juste assez pour voir.
Le dernier kilomètre, juste assez étiré.
En bas à la pénombre, on en a assez.

18,1 km, 1070 mètres de vertical.
Claqués, affamés, on acclame la poutine.
51,8 km, 2542 mètres au total.

Oups. Quoi?
Le gaz, y en manque.
Trop? Y en manque trop.

On se rendra pas.
Tout est fermé.
Faut appeler.

Juste pour dire de le manquer.
Manquer le dernier traversier.
De le voir aller, pis d’essayer de se laisser-aller.

Compter les moutons, à la belle étoile.
Compter les kilomètres, à la bonne odeur.
Compter le vertical, à la bonne sueur.

Le solstice, la plus longue journée de l’année.
Tellement qu’elle n’a même pas voulu se terminer.
5h30 le lendemain, les yeux collés, on l’a pris notre traversier.

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