Une fois de plus ou de moins

Qu’est-ce qui te fait courir? Qu’est-ce qui te fait courir à ce point..? C’est novembre en ville, c’est gris dans le bois, c’est sale dans les ruelles, va t’asseoir, écroule-toi sur ton Elran, arrête de me niaiser avec ça. Choke buddy, choke. Y a une pinte d’amère qui t’attend à maison comme un vendredi soir, voyons donc. Ben non. Ben non, fallait ben. Après le laçage, le départ; et sans te rappeler le comment du pourquoi, ça continue sous toi, t’es déjà loin, le paysage passe à vitesse grand vent à travers tes larmes de froid frette, tes orteils goûtent finalement à la flaque de plus tôt, tu repenses à une de tes courses dans le sable, tu sors du parc vert pour arriver à une rouge, stop. Puis : go go go. Dévale, respire, ravale, respire, saute, évite, respire, crache move move move move. Le feu au cul sous la pluie : ça n’a aucun sens. Vraiment. Anyway t’es trop concentré à sauter les entorses pour penser à une direction existentielle. Vire, patine, respire, s’cusez, respire, portière, respire, esquive, racine, escalier escalier escalier, respire respire respire. Déjà après la première descente, il s’était passé quoi, tu l’as sentie, bizarre, la patente bizarre toujours, pourquoi pas toujours, d’ailleurs? Pourquoi là, aujourd’hui, maintenant, là? Mais fuck l’ingénierie sous le capot, c’est pas ça qui t’intéresse, c’est pas ça. L’aéroport, le décollage, ça par contre, oui bonhomme. Plein gaz : c’est pas toi qui a cessé de courir, c’est les choses qui s’immobilisent de plus en plus vite.

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sidewalk-1-fois

Rase-mottes, vol plané, ça défile, ça décoiffe. Garrochage de rebords de trottoir, vieilles en marchettes, fille en foulard rouge, viande grillée et vidanges, vélo tordu et boîtes de carton, grillades et vidanges encore, puis diésel, parcomètres, arbres, cônes, vivaces mortes, craques. Puis bois, le bois. Branches, jonctions, détours, flaques, feuilles mortes, cannettes de bière, écorces, reflaques. Les sentiers inégaux comme ruelles asphaltées, à gauche ou à droite déjà? À droite, whatever. À gauche. Cours, mon Lola, cours. Cours comme dans le Cirque du Soleil. Monte, descend, glisse, rattrape, esti, atterrit, swing, pousse, no gps à ton poignet pour savoir que ça déboule-en-sale-et-que-t’es-juste-sur-la-limite d’un séjour à l’urgence. Arrivé au char, complètement détrempé, kick d’endorphine et sourire niais. Non, pas juste sourire. Rire, vraiment. Tout seul, comme un imbécile. Comme un imbécile heureux. Heureux, pour vrai de vrai. Pour une fois de plus ou de moins.

Collaboration: Antoine Desruisseaux

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