Dario Pegoretti

Ce bon vieux bougre de Marx disait qu’il fallait appréhender le monde et les objets qui nous entourent par leur rapport de production.

Prenez par exemple ce bol de Lucky Charms au chocolat en rabais que je me verse à l’instant. Certainement pour arriver à un produit aussi frappant de ressemblance avec des croquettes de chats, il aura fallu ravager d’OGM d’immenses étendues, mettre en place un processus industriel soutenu par d’innombrables esclaves, quelques designers blasés et sûrement une armée de spécialistes-business qui doivent regretter d’avoir accepté la job en échange d’une ligne sur leur C.V. Tout ça pour le compte d’une compagnie prête-nom enregistrée dans un des trous noirs de la géographie, sorte de rectum de la finance mondiale servant à enrichir des gens que l’on imagine médiocres et culminant dans une métaphore très à propos où un farfadet ridicule issu d’une légende qui a mal virée est sous le charme d’un chaudron d’or qu’il a découvert sous un arc-en-ciel sans pourtant se rendre compte que l’on a substitué l’or par une gibelotte de litière colorée dont l’utilité sociale est discutable.

Le légendaire Dario Pegoretti, lui, fait avec ses potes des vélos magnifiques. Des cadres dans lesquels il met toute une vie et des peintures pour les habiller de son humeur. Il fume des clopes, philosophe, mange des pâtes et me redonne espoir. Ce soir, une fois de plus, je dormirai jusqu’au déjeuner.